Un monde en feu : les intérêts humains détruisent la paix

 

 



La planète brûle, et cette fois, ce ne sont ni les volcans ni les caprices de la nature. C’est la main de l’homme, armée par ses intérêts, qui met le feu à la paix. Du Proche-Orient au Sahel, de l’Europe de l’Est à l’Afrique centrale, en passant par l’Asie et les Amériques, les conflits se multiplient et s’intensifient. Le danger d’un embrasement général n’a jamais été aussi proche.

 

Au Proche-Orient, la guerre entre Israël et l’Iran a franchi un cap dramatique. Depuis le 13 juin 2025, les frappes se répondent avec une intensité inédite. L’Iran, accusé de développer une capacité nucléaire, est frappé par Israël avec le soutien tacite ou assumé de plusieurs puissances occidentales. L’Iran riposte. La région entière est sous tension. Le spectre d’un conflit mondial se précise.

 

Pendant ce temps, à Gaza, c’est un drame humain d’une ampleur historique qui se joue sous les yeux du monde. Des dizaines de milliers de civils palestiniens sont tués dans des bombardements aveugles. Écoles, hôpitaux, camps de réfugiés : rien n’est épargné. Des experts de l’ONU, Amnesty International et d’autres ONG n’hésitent plus à parler de génocide. Et pourtant, malgré les alertes, les condamnations restent tièdes, les livraisons d’armes continuent, les grandes puissances ferment les yeux. L’Occident, qui s’était fait le chantre des droits humains, cautionne aujourd’hui, par ses silences et ses complicités, l’un des drames les plus sombres de notre époque.

 

Plus à l’est, l’Ukraine continue de résister face à la Russie, dans une guerre qui s’enlise. Le Kremlin justifie son agression par la menace que représenterait une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Là encore, la logique de domination prend le pas sur la vie humaine. Les villes sont détruites, les populations déplacées, et les cicatrices de cette guerre façonneront l’Europe pour des décennies.

 

En Afrique, la République Démocratique du Congo est une plaie béante que la communauté internationale feint de ne pas voir. Dans le Nord-Kivu, à Goma, les populations sont massacrées entre les attaques du M23, les exactions de groupes armés, et les manœuvres géopolitiques de puissances voisines telles que le Rwanda. Plus au nord, au Soudan, une guerre civile ravage le pays, opposant les Forces de soutien rapide à l’armée régulière, sur fond d’épuration ethnique et de famine.

 

Le Sahel n’est pas en reste. Du Mali au Niger, en passant par le Burkina Faso, jusqu’aux portes du Nigéria et du Bénin, le terrorisme s’est enraciné. Et ici, chez nous, au Bénin, cela ne relève plus du lointain. Le septentrion n’est plus épargné. Les attaques dans les zones de Kérou, Matéri, Banikoara ou encore Porga sont venues rappeler de façon brutale que notre pays, havre de stabilité, est désormais lui aussi sur la ligne de front. Des militaires tombent, des civils fuient, des écoles ferment. La menace est réelle, permanente, et elle s’étend. Et pourtant, à Cotonou, le reste du pays continue de vivre comme si de rien n’était. Il y a un fossé inquiétant entre les réalités du terrain et la conscience collective nationale.

 

J’écris ce texte en tant que Béninois, témoin d’un monde où même mon pays paisible, réputé pour son calme, voit aujourd’hui son sol foulé par des porteurs de mort. Cela me bouleverse. Car le Bénin, petit par sa superficie, n’échappera pas aux grandes secousses si l’on ne prend pas la mesure du danger. Les frontières nord, devenues poreuses, ne sont que le début d’un engrenage. Et si nous restons silencieux, si nous ne nous réorganisons pas intelligemment, (au-delà des discours officiels), nous pourrions bien, un jour, pleurer notre naïveté.

 

Et pendant que le terrorisme avance, ailleurs aussi, les peuples souffrent. À Haïti, l’État s’est effondré, les gangs règnent, la violence est quotidienne. En Asie, le Myanmar est en guerre civile depuis 2021. Le Cachemire est toujours en tension. Même en Côte d’Ivoire, le risque d’un quatrième mandat du président Ouattara fait peser une incertitude lourde sur la stabilité politique. Au Togo, après les manifestations du 6 juin, d’autres marches sont annoncées dans un climat tendu. Le monde entier semble sur le fil.

 

Même les pays dits « stables » ne sont pas épargnés. Aux États-Unis, des émeutes raciales ou sociales éclatent avec une fréquence inquiétante. L’équilibre global est en train de basculer. Le danger n’est plus localisé. Il est systémique.

 

Partout, la même logique. Derrière chaque conflit, des intérêts. Des ressources à contrôler, des territoires à dominer, des influences à préserver. Ce ne sont pas les peuples qui veulent la guerre. Ce sont les gouvernements, les lobbies, les puissances économiques. Ce sont les hommes de pouvoir, aveuglés par leur vision courte, qui attisent les feux.

 

Le danger aujourd’hui est global. Un dérapage au Proche-Orient pourrait entraîner l’entrée en scène de grandes puissances. Une provocation de trop en mer de Chine, en Ukraine ou à Gaza pourrait déclencher une réaction en chaîne. Le monde est devenu une poudrière. Et personne ne semble prêt à poser les armes.

 

Il ne faut pas se tromper d’ennemi. Le véritable danger, ce ne sont pas les missiles ou les frontières. Ce sont les ambitions démesurées, les calculs politiques, les complicités criminelles. Ce sont ces logiques froides, où la vie humaine ne pèse rien face à un baril de pétrole ou à une alliance stratégique. La paix ne se fera pas avec des discours. Elle commencera le jour où l’intérêt de l’homme passera après la dignité humaine.

 

Ce monde n’est plus sûr. La terre ne garantit plus rien. Les institutions s’effritent, la diplomatie est piégée, la justice est instrumentalisée. Nous marchons vers l’abîme, et ce sont les hommes eux-mêmes qui creusent ce gouffre.

 

Il est encore temps d’arrêter la chute. Mais il faut le vouloir vraiment. Pas pour sauver des États, mais pour sauver l’humanité.

 

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