Polémique autour de l’interprétation du Tofâ 2025 : Ce que Aza aurait dû dire (Et si 'FU YEKU' était interprété comme un signe annonciateur d'un coup d'État ?)




Depuis des siècles, le Tofâ incarne l’une des traditions divinatoires les plus respectées du Bénin. Lié au Vodun, il est censé éclairer l’avenir et fournir des orientations spirituelles et sociales pour l’année qu’il concerne. Mais en 2025, l’interprétation du signe "FU YEKU", révélée lors des Vodun Days à Ouidah, a donné lieu à un débat national en raison des propos controversés du Pr. David Koffi Aza. Ce dernier, reliant le Tofâ à une potentielle prolongation du pouvoir présidentiel, a jeté le trouble sur les véritables enseignements de cette cérémonie sacrée.  

À y regarder de plus près, une analyse plus nuancée du Tofâ 2025 aurait pu éviter cette polémique inutile, tout en préservant l’intégrité de la tradition et son rôle apolitique.  

L’une des premières erreurs dans l’interprétation de Koffi Aza réside dans une extrapolation temporelle. Par essence, le Tofâ est une boussole destinée à guider les pas des individus et de la collectivité sur une période déterminée : l’année courante. En prétendant qu’il justifie une continuité du pouvoir au-delà de 2025, Koffi Aza a déplacé le champ d’action du Fâ pour l’aligner sur une lecture politique.  

Si le Tofâ 2025 devait évoquer des bouleversements politiques, ceux-ci ne concerneraient que l’année en cours. Toute allusion à une prise de pouvoir ou à une alternance immédiate pourrait dès lors être interprétée comme un appel à des actions hors du cadre démocratique, telles qu’un coup d’État. Dans ce contexte, il est capital de comprendre que le Fâ invite toujours à l’équilibre, au dialogue et à la patience.  

Le signe "FU YEKU" symbolise la protection, l’invincibilité et la prospérité. Mais il incarne aussi la vigilance et la responsabilité. L’image de l’intrépide au seuil de la demeure paternelle, insensible aux menaces extérieures, est une invitation à la retenue. Ce que le Fâ semble transmettre ici, c’est un avertissement : des forces destructrices pourraient guetter la stabilité du pays si des décisions impulsives ou des actes subversifs étaient entrepris.  

Le Bénin, gouverné d’une main de fer et confronté à un climat socio-économique tendu, pourrait effectivement nourrir des frustrations au sein de sa classe politique ou de certains groupes sociaux. Ces tensions, si elles débouchaient sur des actions violentes ou illégales, plongeraient le pays dans une situation encore plus chaotique. En ce sens, le Fâ adresse une mise en garde collective : la voie de la sagesse réside dans l’attente de l’alternance constitutionnelle de 2026, dans le respect des règles démocratiques.  

Plutôt que d’associer le Tofâ à un soutien politique explicite, Koffi Aza aurait pu appeler à la sérénité et à l’unité nationale. Il aurait dû insister sur le rôle du Fâ comme guide spirituel et non comme outil de justification politique. Voici, en substance, le message qu’il aurait pu transmettre :  

‘’Le Fâ nous exhorte à la vigilance et à la patience. Il nous rappelle que des forces déstabilisatrices pourraient surgir si nous succombons à nos frustrations. Il nous invite à apaiser nos cœurs et à attendre l’alternance constitutionnelle et démocratique prévue en 2026, car toute tentative de bouleverser cet ordre risquerait de plonger le pays dans une situation encore plus précaire’’  

Ce discours aurait non seulement apaisé les esprits, mais il aurait également recentré le Tofâ dans son rôle traditionnel : un phare spirituel pour guider la communauté dans une harmonie sociale et politique.  

L’interprétation controversée du Tofâ 2025 par Koffi Aza fait naître des questions profondes sur la place des traditions spirituelles dans le débat public béninois. Si le Vodun et ses rites jouent un rôle fondamental dans l’identité culturelle du pays, ils doivent demeurer au-dessus des considérations partisanes.  

In fine, le Fâ, comme toute tradition sacrée, ne doit pas être utilisé pour justifier des ambitions politiques. Il appartient aux prêtres et dignitaires de préserver cette neutralité, en évitant toute déclaration qui pourrait diviser la nation ou semer la confusion dans l’opinion publique. Et c’est là qu’il faut saluer la promptitude du comité qui s’est rapidement désolidarisé de Aza par un communiqué bien pondu.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Yves Chabi KOUARO, fidèle de l’ECC, tragiquement disparu : Le Révérend Noël Djossou lui rend hommage (Lire l'intégralité du message)

Sa Majesté Dah Djomanmousso en mission en Côte d’Ivoire : Vers une Afrique unie et souveraine (Une visite marquée par des échanges stratégiques et la présentation de son ouvrage visionnaire « Une vision pour le développement de l’Afrique », attendu en 2025.)

Interdiction des publicités sur les produits de santé : l’ORITRAB applaudit la décision de la HAAC et dévoile ses grands chantiers