La diplomatie à l’épreuve : quand la France doit repenser son rapport à l’Afrique (Sarkozy et Macron, des accidents de parcours)




La diplomatie, cet art subtil de la gestion des relations internationales, repose sur des fondamentaux intangibles : respect, écoute, et compréhension mutuelle. Pourtant, à travers certaines déclarations récentes, la France semble encore enfermée dans une vision paternaliste de ses relations avec l’Afrique, incapable de s’adapter à un monde en mutation. Les propos d’Emmanuel Macron sur le manque de reconnaissance des dirigeants africains pour l’intervention française au Sahel démontrent cette posture surannée, tout comme le célèbre discours de Nicolas Sarkozy à Dakar en 2007, où il affirmait que "l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire".  


Ces déclarations, bien que séparées par des années et des contextes différents, traduisent une même logique : celle d’un regard condescendant posé sur l’Afrique, comme si le continent devait encore des comptes à son ancienne puissance coloniale. Pourtant, cette époque est révolue. Les Africains, et leurs dirigeants en particulier, ne réclament pas de leçons, encore moins de gratitude imposée, mais des partenariats respectueux et équilibrés.  


Il est curieux que ces deux épisodes soient le fait de deux présidents français, une des plus grandes puissances mondiales mais qui, face à l’Afrique, semblent incarner une continuité embarrassante de l’arrogance. On pourrait presque y voir des accidents de parcours dans l’évolution des relations franco-africaines, tant leurs discours se heurtent aux aspirations profondes des peuples africains et à l’histoire commune, par endroit douloureuse, qui lie les deux espaces.  


Les relations internationales ne sont plus celles du XXᵉ siècle. Aujourd’hui, l’Afrique est un espace de choix multiples, où de nouvelles puissances comme la Chine, la Turquie ou encore la Russie redéfinissent les équilibres économiques et politiques. Dans ce contexte, la France ne peut espérer maintenir sa place qu’en abandonnant ses réflexes néocoloniaux et en adoptant une posture plus humble. Car, si le respect de la souveraineté des États africains est un principe de base en diplomatie, il semble dans bien de cas ignoré dans certains discours officiels français.  


L’époque où la France pouvait dicter les règles en Afrique est terminée. Les peuples africains, à travers leurs luttes historiques pour l’indépendance et leur affirmation actuelle sur la scène internationale, ont démontré qu’ils n’avaient pas besoin de tutelle. Ce dont ils ont besoin, ce sont des partenaires sincères, capables de les écouter et de co-construire avec eux des solutions adaptées à leurs réalités. Les propos condescendants, eux, ne font que creuser un fossé entre la France et l’Afrique.  


Loin des mots qui divisent, il est temps pour la France de réinventer sa diplomatie. Une diplomatie ancrée dans le respect mutuel, l’écoute et une compréhension profonde des aspirations africaines. Une diplomatie qui ne se contente pas de regarder l’Afrique comme un espace à influencer, mais comme un partenaire à respecter. Ce n’est qu’en adoptant cette posture que la France pourra espérer regagner une véritable crédibilité sur le continent. Car l’Afrique d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier, et il serait temps que la France s’en rende compte.  


In fine, les écarts de langage de Nicolas Sarkozy et d’Emmanuel Macron ne sont peut-être que des incidents dans un long chemin vers une diplomatie française véritablement modernisée et respectueuse de ses partenaires africains. Mais pour que cela se concrétise, encore faut-il que ces "accidents" ne se répètent plus.


G. Alexandre

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