Un zem passe, un client disparaît !

 


Au Bénin, il y a désormais une épreuve bien particulière, une sorte de loterie mystique : monter sur un zem, ce taxi-moto jadis synonyme de liberté et de rapidité. Mais aujourd’hui, monter sur un zem, c’est entrer dans le jeu incertain de la disparition.

 

Les conducteurs de zem, autrefois simples hommes des routes, se murmurent complices dans des desseins bien plus sombres. Ces hommes semblent désormais investis d’un rôle mystérieux. Des murmures circulent, de village en village, de quartier en quartier : les casques qu’ils tendent à leurs clients renferment des secrets invisibles, des pouvoirs tissés dans les recoins des sanctuaires cachés. Le casque, posé doucement sur la tête du voyageur innocent, devient un instrument d’asservissement, un talisman silencieux qui entraîne le porteur dans un sommeil étrange, un état d’hypnose où tout sens d’évasion disparaît.

 

Et le pays, sans s’émouvoir, observe ce ballet des zems, ces passeurs d’âmes, avec une indifférence apparente. Les proches du voyageur l’attendent, mais la route n’aura plus de fin, et le retour est devenu une chimère. Ces victimes involontaires, une fois assises et casquées, ne savent pas encore qu’elles sont destinées à être "offertes" pour des cérémonies que seuls les sorciers et les initiés comprennent. Car ces disparus, ces ombres englouties, alimentent les divinités des coins obscurs, le flot ininterrompu d’une tragédie silencieuse.

 

Et nos autorités ? Absentes, impassibles, peut-être même souriantes. Car il est bien plus pressant de se pencher sur les affaires de la haute société, sur les prétendus coup d’Etat, sur les drames soigneusement mis en scène. L’État, dans toute sa majesté, contemple ce ballet des âmes comme un spectateur captivé. Un zem passe, un client disparaît. Silence. La République s’incline, mais détourne le regard.

 

Alors, face à cette inaction calculée malgré la multiplication des cas de disparition, une question nous obsède, sourdement, puissamment : les autorités béninoises sont-elles simplement aveugles ou, pire encore, complices de cette danse macabre ?

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