Le Théâtre du pouvoir : Quand les guignols changent de maître

 

Dans ce grand théâtre qu’est la politique béninoise, les acteurs changent, mais la scène reste la même. Hier encore, ils étaient les metteurs en scène, maniant les fils des marionnettes, tirant les ficelles du pouvoir avec une assurance inébranlable. Ils distribuaient les rôles avec conviction, privaient les uns de leur liberté, offraient aux autres des privilèges incommensurables. Et aujourd’hui ? Aujourd’hui, la scène se retourne, le rideau se lève sur une nouvelle tragédie, et voilà que ceux qui jouaient aux dieux du destin deviennent eux-mêmes les pantins de cette farce divine.

 

Regardez-les ! Ces puissants d’hier, contraints de s’asseoir à la place des opprimés qu’ils méprisaient, enfermés dans ces geôles où ils croyaient ne jamais mettre les pieds. L’ironie frappe avec la force d’un ouragan. À Missérété, les murs résonnent des échos d’un nom bien connu : Olivier Boko. Lui, qui autrefois fréquentait les plus hauts cercles du pouvoir, côtoie désormais l’ombre de celle qu’il a aidé à briser, cette opposante farouche qui refuse de courber l’échine malgré les tortures du silence et de l’oubli. Reckya Madougou, autrefois sa victime, est devenue sa compagne d’infortune. Quel tableau saisissant !

 

Les hommes du pouvoir devraient méditer cette scène. Aujourd’hui, ils jugent, emprisonnent, répriment. Demain, ils seront jugés, emprisonnés, réprimés. Comme les aiguilles d’une horloge, le pouvoir tourne sans cesse, changeant de mains sans prévenir, écrasant ceux qui croyaient qu’il leur appartenait pour toujours.

 

Ah, quel étrange jeu que celui de la politique ! Ils imposent le silence à ceux qui les critiquent, mais dans leur geôle dorée, leur propre voix résonne plus forte encore, prisonniers de leur conscience, enchaînés par leurs propres erreurs. Ils ont bâti des murailles autour de la justice, pensant être à l’abri, mais les murs sont poreux, et la vérité finit toujours par filtrer.

 

L'histoire de Missérété est celle d’un pouvoir qui se retourne contre ses enfants. Aujourd’hui, Olivier Boko, proche du Président Talon, goûte à l’amertume des chaînes qu’il croyait réservées aux autres. Demain, qui sait ? Peut-être que ceux qui rient encore en haut des estrades devront affronter la justice qu’ils ont ignorée. Car la roue tourne, implacable. Le vent du changement ne fait pas de distinctions entre les oppresseurs et les opprimés.

 

Aujourd’hui c’est toi, cher Olivier, qui pleures dans ta cellule, privé de cette liberté que tu croyais inviolable. Demain, ce sera peut-être l’un de tes amis, ceux-là mêmes qui te regardaient avec admiration. Et qui viendra les défendre quand la machine qu’ils ont eux-mêmes nourrie les broiera ?

 

Le pouvoir est une illusion, un mirage trompeur. Talon, Boko, Madougou... dans ce grand théâtre de la vie, chacun joue son rôle, mais nul ne connaît la fin de la pièce. À ceux qui occupent aujourd’hui la scène avec arrogance, je dis ceci : sachez raison garder, car un jour, vous aussi tomberez de vos tréteaux, et la chute sera rude.

 

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