Condamnés sans procès, Boko et Homeky triste dessein.
Depuis
l'arrestation d’Olivier Boko, ami personnel du président et n°2 du pouvoir
Talon, et d’Oswald Homéky, ancien ministre des Sports, la machine
politico-judiciaire béninoise tourne à plein régime pour convaincre l’opinion
d’un coup d’État déjoué. Les éléments fournis par la Cour de répression des
infractions économiques et du terrorisme (Criet), dont la découverte d'un
prétendu compte bancaire ivoirien de 105 millions CFA pour le commandant de la
garde présidentielle, ont été aussitôt démentis par la banque impliquée. Et malgré
le flou autour des preuves, le récit d’un complot avorté s’impose déjà comme
vérité officielle.
En effet, dans cette affaire, la
réaction de la mouvance présidentielle porte les gènes d’une orchestration bien
au-delà des faits : responsables de partis politiques, maires, députés, et
figures sociales se sont unis pour condamner l’''acte'' sans qu’aucune
procédure n’ait encore abouti. Dans ce contexte, le moindre appel à la
prudence, tel que celui lancé par Louis Vlavonou, président de l’Assemblée
nationale, est immédiatement réprimé. Tout discours contradictoire devient
suspect. Ce verrouillage de l’opinion en amont du procès dessine un climat où
la présomption d'innocence est balayée au profit d’une condamnation anticipée.
Plus
inquiétant encore, ce cas prouve le rôle que la justice semble jouer au service
d’intérêts politiques, visant non à démontrer la vérité mais à la dicter. La
condamnation unanime de Boko et Homéky dans l’espace public illustre une
instrumentalisation où la pression sur les voix dissonantes montre clairement
l’enjeu : façonner une histoire officielle, peu importe le verdict final. Ce
qui se profile, ce n’est pas la transparence, mais une démonstration de force
qui interdit de questionner les intentions des autorités.
Ce
dossier met en exergue la fragilité de l’État de droit, là où l’on devrait voir
un appel à la justice. En absence de preuves irréfutables, la condamnation
médiatique de Boko et Homéky ne semble servir qu’à légitimer un pouvoir prêt à
tout pour contrôler la narration. Si le Bénin doit juger ces fils, alors que ce
soit avec des preuves tangibles et non par une campagne d'intimidation. Sinon,
cette ''affaire de coup d’État'' risque de n’être qu’un prétexte pour étouffer
tout esprit critique et asseoir un climat de peur, au détriment de la justice
même.
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