Faire arriver le train à l’heure : pour un développement fondé sur la rigueur systémique
Le
développement n’est pas qu’un empilement d’infrastructures modernes. Il est un
processus complexe, structuré, rigoureux, où la qualité d’un pays ne se mesure
pas uniquement à ses équipements, mais à sa capacité à les faire fonctionner
selon des règles claires et stables. C’est ce que rappelle ici Laurent Jimaja,
intellectuel béninois, dans une nouvelle contribution à sa série de réflexions
citoyennes. Publiées régulièrement sur ses réseaux sociaux, ses prises de
position interpellent autant les élites que les citoyens ordinaires, dans un
souci constant de vérité, de méthode et d’exigence collective.
Avec la
métaphore du train qui doit partir et arriver à l’heure, Jimaja nous oblige à
penser au-delà des apparences. Il invite à considérer la chaîne de responsabilités
qui sous-tend toute politique publique : du conducteur de train à l’ingénieur
des voies ferrées, du ministre à l’agent de maintenance. Le vrai défi n’est pas
de bâtir des infrastructures impressionnantes, mais de créer un système où
chaque rouage fonctionne, où chaque poste est occupé par une personne
compétente, responsable, formée et respectée dans son rôle.
Dans un
contexte marqué par l’héritage pesant des administrations coloniales, l’auteur
pointe aussi la confusion persistante entre État et administration. Une
confusion qui entretient des malentendus dans la formation des citoyens,
l’attente vis-à-vis de l’emploi public, et l’exercice de l’autorité. Loin de
toute démagogie, il plaide pour une mue collective : former autrement, gérer
autrement, faire confiance autrement.
À travers
cette réflexion, Jimaja fait résonner une idée forte et simple à la fois : le
développement n’est pas une affaire de génie solitaire, mais d’horlogerie
collective. Il s’agit moins d’investir à tout-va que d’organiser avec
intelligence, méthode et constance. Et surtout, il s’agit de faire preuve d’une
discipline rigoureuse, où la confiance entre les acteurs et envers les
institutions devient le socle d’une société qui avance.
Lire l’intégralité
de la réflexion de Laurent Jimaja.
Se
développer, c’est, certes, avoir des infrastructures de qualité et même de
dernière génération, adaptées aux besoins évidents et avérés du pays et de ses
ambitions. Toutefois, il ne suffit pas d’avoir les meilleurs trains : il faut
qu’ils arrivent à l’heure et partent à l’heure. Pour cela, il ne faut pas
seulement des conducteurs zélés et respectueux de leurs engagements. C’est une
longue chaîne de commandes et de commandements que chacun se doit de respecter
scrupuleusement.
- Les conducteurs doivent être
formés et suivre, par ailleurs, régulièrement des formations de mise à
jour ;
- Le matériel roulant doit faire
l’objet de services de maintenance réguliers, ce qui implique du personnel
qualifié et consciencieux ;
- Les rails doivent être entretenus
par des services dotés en personnel qualifié et conscient des enjeux ;
- Une attention particulière doit
être apportée à la sécurité ;
- … etc.
Le moindre
investissement doit faire l’objet d’analyses de spécialistes qualifiés et
expérimentés en la matière. Aucune règle ne peut être arbitrée selon les
humeurs des dirigeants du moment. Ces derniers ne devraient être qualifiés que
pour faire des arbitrages ponctuels lorsque cela s’impose. Ici, la confiance
des uns à l’égard des autres, et à l’égard des institutions, s’impose.
Si les
dirigeants élus ou désignés représentent l’État et ses institutions,
l’administration en est le bras armé avec des compétences que l’on se doit de
respecter, sinon d’éprouver lorsque cela est nécessaire.
Du fait de
l’histoire récente des anciennes colonies françaises, l’administration joue un
rôle trop important dans la gestion des pays. La confusion avec l’État est la
conséquence des dérives de l’administration coloniale, avec à sa tête un
gouverneur tout-puissant à l’échelle de la colonie.
La
conséquence de la formation d’agents pour la fonction publique est que, dans
l’inconscient collectif, l’État se doit de pourvoir une activité aux personnes
formées, d’où le malentendu entre les formations et le marché de l’emploi. Une
mue doit s’opérer chez les citoyens pour être outillés à répondre aux enjeux
d’aujourd’hui. C’est là les défis à relever, et nul ne peut être de trop pour
proposer des pistes correspondant aux réalités d’aujourd’hui.
Sommes-nous
prêts à cela ?
Il est temps
d’appliquer le principe simple qu’appliquent les logisticiens : disposer des
ressources au bon moment, au bon endroit !
LJ
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